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Au nom de la paix : une politique à 2 États ou 2 peuples (ré)-conciliés dans un seul État ?
L'actuel conflit de « haute intensité » entre le gouvernement israélien et le Hamas peut sembler un évènement supplémentaire dans la longue histoire belliqueuse qui se joue depuis plus d'un siècle sur le territoire Palestino-Israélien. Et, les barbaries aujourd'hui causées par le Hamas suivies par les massacres de civils de l'armée Israélienne peuvent être comprises et justifiées par l'un et l'autre camp dans une logique de causalité.

Mais la monstruosité des belligérants d'aujourd'hui est à inscrire dans un contexte de polarisation puis de radicalisation mondialisée de la société, que ce soit dans les champs de l'économie, de la politique, du religieux. En Israël, cette radicalisation se manifeste par la présence d'un gouvernement d'extrême droite qui a installé un ultranationalisme religieux et enterré l'idée même d'un État Palestinien ; côté Palestinien, elle se traduit par des actes à caractère terroriste du Mouvement islamique de la Résistance palestinien (Hamas) qui, de son côté, n'a d'autre ambition que de réduire Israël à néant. Un gouvernement et un mouvement qui écœurent et désespèrent beaucoup de ceux qu'ils disent vouloir libérer ou mettre en sécurité !
Dans un tel contexte, même le droit international est devenu inopérant de sorte que les appels « bien intentionnés » de ceux qui s'y réfèrent pour prôner la paix par la solution à deux états apparaissent comme de vaines incantations de forme.
D'ailleurs cette solution, imaginée en 1947 par les puissances occidentales, n'était-elle pas dès son origine vouée à l'échec comme en témoigne la suite des événements ?
Car, sans parler du refus des pays arabes et des palestiniens de voir la création d'un État israélien, il était clair que le découpage fragmenté proposé par l'ONU n'était pas viable pour permettre la création de deux états indépendants. Il est clair également que la détermination « existentielle » du peuple juif à avoir un État, sa domination militaire pour le faire et ses appuis Etats-Uniens, ont laissé Israël s'étendre impunément au-delà du partage initial. De guerres en intifada, d'attentats de l'OLP en occupations israéliennes, les accords d'Oslo de 93 sont alors apparus comme une lueur d'espoir. Cependant, si ces accords restent encore la référence pour la paix, notamment pour les gouvernements et les politiques occidentaux, il convient de rappeler que le contexte mondial d'alors était à la détente ; rappeler aussi que les Etats-Unis ont dû faire preuve de « fermeté » pour que ces accords aient lieu.
En réalité, cette solution à deux états - venue de l'extérieur - n'a jamais permis ni de régler l'injustice faites aux uns et le ressentiment en résultant ; ni de tempérer la farouche détermination des autres que l'histoire a rendu paranoïaque. Et 30 ans plus tard, les extrémismes se nourrissent avec délectation de ce terreau de violence au détriment des voix pacifistes.
Pourtant ces voix existent, et même depuis très longtemps, à côté des décisions internationales et des résolutions de l'ONU. En effet, dès la naissance du Mouvement sioniste (fin du 19ème siècle), on pouvait lire dans l'un des plus grands journaux arabes Al Ahram: « Il est absolument nécessaire qu'une entente soit réalisée entre les sionistes et les Arabes, car la guerre des mots ne peut faire que du mal. Le pays a besoin des sionistes : l'argent qu'ils apporteront, leurs connaissances et leur intelligence, ainsi que l'ardeur au travail qui les caractérise contribueront sans aucun doute à la renaissance du pays ». Après la Déclaration Balfour (nov.1917), le chérif de La Mecque Hussein publie dans un journal que « ceux qui sont assez profonds ... savaient que le pays [la Palestine] était pour ses premiers fils [les Juifs], en dépit de leurs différences, une patrie aimée et sacrée. Le retour de ces exilés dans leur pays s'avérera, matériellement et spirituellement, une école pratique pour leurs voisins qui sont avec eux dans les champs, les fabriques, les commerces, et en toute chose liée au travail et au labeur. Cette ouverture du peuple arabe de Palestine envers le sionisme était exemplaire d'humanité !
Plus récemment, en 1970 - « temps des révolutions, des utopies, et de l'espérance » - suite à l'échec militaire des pays arabes lors de la guerre des Six jours, et malgré les multiples guérillas meurtrières des mouvements de l'OLP qui ont suivi, une évolution se fait jour au sein du Fatah et de certains juifs progressistes. Dans la Révolution palestinienne et les juifs, texte publié par le Fatah (certes moins ouvert au sionisme), celui-ci reconnaît toutefois la nécessité pour le peuple juif d'avoir un état où se sentir en sécurité. Aussi peut-on lire : « notre Révolution palestinienne tend la main à tous ceux qui veulent combattre avec elle pour vivre dans une Palestine tolérante et démocratique, sans discrimination de race, de couleur et de religion… ». « Nous ne sommes pas anti-juifs, nous sommes antisionistes ». « Ce n'est pas un rêve utopique ou une fausse promesse, car nous avons toujours vécu en paix, musulmans, juifs, chrétiens, sur la Terre Sainte ». La proposition est révolutionnaire car il s'agit de vivre ensemble dans un seul état… palestinien.
50 ans plus tard, ce serait 20% des Israéliens et 23% des Palestiniens qui seraient favorables à un seul état démocratique reconnaissant les deux peuples. Les femmes du Mouvement Women Wage Peace qui, ne soutiennent aucune solution spécifique au conflit, seraient alors indispensables pour aller dans cette direction car elles travaillent à instaurer la nécessaire confiance entre les communautés pour construire une demande unifiée de négociations diplomatiques. Ces femmes ont trouvé leur relai en France : depuis 2022, les « guerrières pour la Paix », des femmes juives et musulmanes, « [ont] choisi de [s']unir pour porter une autre voi(e)x, celle du refus commun de l'assignation identitaire et celle du courage et de l'acceptation de l'Autre ». « À une époque où les luttes antiracistes sont divisées, opposées, mises en concurrence, où les entre-soi confortent la solitude haineuse et empêchent la connaissance et la compréhension de l'Autre, les Guerrières de la Paix affirment ensemble que tous ces combats sont les LEURS. »
Le 6 novembre dernier, à Haïfa, « des citoyens juifs et arabes d'Israël remplissaient la salle de prière d'une mosquée pour montrer leur solidarité les uns envers les autres, [disant] qu'ils savaient qu'ils formaient une minorité, mais qu'ils croyaient qu'une minorité réclamait ce que la majorité voulait, à savoir la paix ».
Cependant, contrairement aux prédicateurs de plateaux pour une paix par deux états, on interroge peu ces voix pacifistes, venues du vécu des peuples, sur les conditions de cette paix. Dommage ! Car les peuples sont souvent plus sages que leurs représentants fanatiques et clivants ; et à les voir ainsi communier ensemble, il est probable qu'ils préféreraient vivre en paix les uns avec les autres – comme cela existe déjà - au sein d'un seul État.
Pour nous Humanistes, - qui préconisons l'auto-détermination des peuples - cette voie à un seul État est la plus « évolutive » ; elle préfigure la Nation Humaine Universelle à rebours des replis nationalistes-étatistes identitaires à l'œuvre. Certes, cette solution conciliante d'un état démocratique laïc ne pourra se faire sans un profond travail de réconciliation comme cela a pu se faire au Rwanda ou en Afrique du Sud. Mais au regard de la charge affective et émotionnelle qui existe autour de ce conflit, y compris dans le monde occidental qui y a contribué, cette démarche véritablement humaniste pourrait constituer une référence mondiale de résolution de conflit non-violente, un véritable phare pour passer enfin de la préhistoire à la véritable histoire humaine.
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