La montée de l'extreme droite en France
La montée de l'extrême droite en France s'inscrit dans un contexte mondial marqué par un chaos généralisé, une imprévisibilité croissante des événements et une profonde déstructuration à tous les niveaux : international, national et interpersonnel. Cette situation est aggravée par l'affaiblissement de l'État-nation et le dérèglement climatique.
Face à ces bouleversements, on observe une forte désorientation, qui se traduit par de la méfiance, de la peur, un sentiment d'impuissance, une vision sombre de l'avenir, ainsi qu'une montée de l'irrationalisme, de la radicalisation et du repli communautaire. Un besoin légitime d'ordre et de justice se fait sentir, ce qui favorise la progression de l'extrême droite et des courants autoritaires.
En parallèle, certains réagissent différemment en cherchant à rompre avec ce système pour construire des alternatives. Ils adoptent alors des modes de vie fondés sur des valeurs de respect de la diversité, de non-discrimination et de non-violence.
Ces deux dynamiques opposées partagent néanmoins une même origine : un rejet du système en place.
Enfin, il apparaît que l'extrême droite ne se limite pas à un phénomène strictement politique. Elle s'exprime dans tous les domaines de la vie sociale : culture, médias, éducation, édition, syndicats étudiants et agricoles. Elle ne se manifeste pas uniquement à travers des groupuscules violents, mais peut aussi transparaître dans certains discours féministes ou écologistes, lorsqu'ils accusent, par exemple, une personne de viol ou de destruction de l'environnement en raison de sa race, de sa religion ou de sa « civilisation ».
En réalité, une extrême droitisation des esprits est en marche.
La montée de l'extrême droite est un phénomène cyclique. Dans la période actuelle, elle renaît de ses cendres dès la fin de la Seconde Guerre mondiale et prend véritablement son essor à partir des années 1960, dans un contexte marqué par la guerre d'Algérie, les premières ratonnades et la création du Front national en 1972. Elle devient omniprésente dans le paysage politique à partir des années 1980, alors que la gauche de gouvernement délaisse le combat social pour se concentrer sur les luttes sociétales, notamment l'antiracisme, tandis qu'un libéralisme débridé s'impose, entraînant délocalisations et précarité.
Les attentats perpétrés au nom de l'islam radical, les ravages de la mondialisation qui laissent de nombreuses personnes sur le bord du chemin et l'absence de projet porteur à gauche ont ensuite favorisé l'ascension de l'extrême droite. En quarante ans, son influence n'a cessé de croître, jusqu'à atteindre aujourd'hui les plus hautes sphères du pouvoir politique.
Face à cette montée, différentes tendances coexistent :
- D'une part, celles qui tentent d'endiguer son influence, comme la gauche radicale ou divers collectifs tolérants et non violents, qui rejettent le système et cherchent à s'organiser de manière horizontale et locale pour répondre aux défis contemporains. Certains de ces collectifs intègrent également une dimension spirituelle dans leur action.
- D'autre part, celles qui, au contraire, nourrissent les idées de l'extrême droite, allant jusqu'à prôner la supériorité de la civilisation occidentale chrétienne ou à vouloir la disparition de l'État-nation, à l'image des libertariens.
Nous vivons un moment charnière, marqué par une désorientation généralisée qui exacerbe frustrations et tensions, entraînant une polarisation des positions, une montée de la radicalisation et de la violence. Cependant, cette période est également celle de l'émergence de collectifs aspirant à la paix et à la tranquillité.
Bien que l'avenir reste incertain, une chose est sûre : la capacité de ces collectifs non violents à structurer et amplifier leur action, en portant l'ambition d'un monde plus juste et d'une évolution vers des formes de civilisation plus avancées, sera déterminante pour impulser un véritable changement.